A la recherche du Tichodrome

Ca se passe dans le Tarn où j’ai séjourné quelques jours en plein brouillard.

Au grès des petites routes, qui tournent, montent et descendent, c’est l’hiver qui est installé.

Des arbres qui semblent implorer je ne sais quoi, leurs branches décharnées tendues vers le ciel traversant les brumes.

Rien que des buses qui s’envolent lourdement à mon passage dans le silence feutré qui règne en maitre ici dans les vallées.

Le dernier jour, le brouillard c’est évaporé dans la nuit et c’est le soleil qui se montre enfin.
Il ne me reste que quelques heures pour en profiter et je décide de grimper vers un petit village fortifié où sont signalés des Accenteurs alpin et un Tichodrome échelette.
Ces deux espèces, vivent en altitude mais peuvent hiverner dans les villes et village d'altitude qui disposent de de grands édifices en pierre. Ils trouvent leur nourriture dans les interstices du minéral.

Après 45 bornes et une montée vertigineuse, j’arrive sur la place du village alors que le soleil, pourtant éclatant, peine à dissiper les dernières brumes, l’endroit est superbe, aucun bruit, j’entreprends de longer la lice (la base des fortifications). Pinsons, mésanges, verdiers mais je profite en fait du cadre somptueux de l’endroit.

Puis j’arrive sur une petite esplanade où sont installées quelques tables de picnic avec des bancs.

Des petits gloussements de passereaux se font entendre, et je les vois, une bonne trentaine, sur la roche entre le sol et jusqu’à 1 mètre en hauteur sur la lice.

Je mets l’œil dans le viseur…ce ne sont pas des pinsons mais bien des Accenteurs alpins, mes premiers !
Comme je viens de péter la bague de fixation de mon 400, j’ai dû laisser le trépied dans le coffre alors je fonce me cacher à genoux derrière une table qui me sert aussi pour caler le matos.

Même si l’Accenteur alpin ressemble beaucoup à notre familier Accenteur mouchet qui fréquente nos parcs et jardins, de près les différences sont nombreuses donc voici les plus marquantes :

Flancs mouchetés de roux
Cuisses bien emplumées
Bavette mouchetée
Bec bien jaune à sa base, bien pointu pour déloger les petits insectes entre les roches
Plus gros

Son comportement également est différent, celui-ci est beaucoup plus grégaire en hiver. Ce qui fait bien mon affaire car, en fait, tant que l’alerte n’est pas donnée, ils se laissent approcher comme des moineaux. Par contre si l’un d’eux s’envole et fuit, tout le monde suit.

Vous remarquerez son incroyable mimétisme avec son environnement rocheux.

J’étais donc en train de finir de mitrailler mon premier A. alpin quand un truc est venu à droite dans mon champ de vision se coller sur la paroi de la tourelle juste à ma droite…mais si c’est bien lui, le titi le ticho le tichodrome. Le temps de shooter une rafale et il est reparti.
Je ne sais pas si c’est le bruit du boitier ou le couple avec son toutou qui l’on fait décamper.
Les A. alpins aussi.
5 minutes plus tard, je les retrouverais avant que 2 gamins arrivent en hurlant, imitant les seigneurs guerriers sur leurs fiers destriers imaginaires.

En attendant qu’ils reviennent je sors mon couteau pour un repas bien dans le thème : pain traditionnel local et fritons de canard, locaux eux-aussi, assise sur le muret du chemin de garde, soleil d’hiver réchauffant juste ce qu’il faut, vue imprenable sur les alentours.
Ils ne reviendront plus malgré ma patience à les attendre, j’aurais shooté en tout même pas 1 quart d’heure dont 5 secondes de ticho.
Ce Tichodrome trop peu présent est mon seul petit regret, si je l’avais trouvé avant l’arrivée de la poignée de touristes.

J’ai laissé réalité et conscience tout en bas, pour ces moments hors du temps dans ce petit village tout en haut avec en plus une belle coche avec l’Accenteur Alpin.